Conclusion du Colloque par Martine Ambert

Conclusion du colloque par Martine Ambert

Je voudrais vous dire d’abord ma grande satisfaction de vous avoir vu aussi nombreux autour de cette commémoration et il me semble que nous –c’est à dire toute l’équipe organisatrice- avons réussi le challenge de vous accueillir au mieux dans ce lieu symbolique pour Paul et oh combien plaisant mais la tâche n’était pas facile. C’était un véritable challenge car nous avions mis la barre très haut avec 3 jours de communication et des Actes édités. Cette réussite nous la devons aux trio exceptionnel Philippe Galant, Marie Laroche et Laurent Bruxelles qui, en sus de leur travail, se sont démenés sans relâche jour et nuit (l’heure des mails de Philippe en fait foi !) d’abord pour imaginer un tel organigramme puis le mener à terme, dans toutes ses facettes et dans les moindres détails. Philippe a plus particulièrement relancé jusqu’à la dernière minute les retardataires à rendre leur texte, peaufiné tous les documents distribués et suivi au plus près l’impression des Actes réalisée en un temps record (BAT signé le lundi et livre terminé le vendredi !). Quant à Marie, en sus de l’accueil et des visites de site mercredi après midi, elle a assuré tout l’aspect technique : location du barnum, de l’écran, des toilettes sèches (fort appréciées !) jusqu’à la vidéosurveillance. Et en dépit de la fatigue l’entente n’a jamais défailli tant la communion avec Paul nous rassemblait.


Sur place aussi, l’équipe autour de Noel  étoffée par de nombreux bénévoles locaux a grandement contribué au bon déroulement de cette rencontre, débroussaillant les divers sites, assurant le lien avec les structures locales mairie et cave coopérative  pour régler les multiples manutentions de chaises et autres objets nécessaires à cette manifestation et tout cela après avoir conçu deux expositions inaugurées lors de ce colloque. Chapeau à tous ! Votre investissement témoigne de votre attachement à mon cher Paul.

Je ne saurais oublier la contribution déterminante de la cave coopérative qui nous a accueilli sur son site et a su participer de manière très touchante au colloque en sortant une nouvelle cuvée Pioch Farrus qui fait explicitement référence à Paul. Tous les congressistes s’en souviendront !

Merci aussi à tous ceux qui par leur financement ont permis cette belle réalisation : la Mairie de Cabrières, le Pays Cœur d’Hérault via le programme Leader, le Département, la Région, la Drac et le laboratoire Traces (auquel Paul était rattaché). Et une mention spéciale pour le bureau d’études Paléotime qui, outre son financement et sa contribution matérielle via le chauffage fort bienvenu les matins sous chapiteau, était représenté par son directeur Alexandre Morin présent trois jours durant. Je veux mentionner qu’il a  aussi accordé à Marie Laroche une semaine pour se consacrer au colloque.  



Sur le plan scientifique je retiens de ce colloque des apports divers, tous de grande importance :

Ce colloque a été l’occasion de présenter un bilan, une synthèse des richesses archéologiques et métallurgiques du district de Cabrières-Peret. Dans les Actes toutes les facettes du potentiel du lieu y sont rassemblées et brillamment exposées depuis les mines chalcolithiques bien évidemment mais aussi l’exploitation des mines par les Romains, les sépultures avec la grotte du Broum, l’action de l’association qui a listé l’historique des découvertes depuis 40 ans et enfin la comparaison du dépôt de haches de Centeilles avec le minerais de Cabrières, dernière idée que Paul avait eu, comme pour relier ses deux sites fétiches le Minervois et Cabrières. Dans les Actes il y a ainsi  une vraie somme, à jour, sur Cabrières.


Le colloque a été aussi l’occasion de présenter de nouveaux gisements chalcolithiques que les découvertes récentes ont révélés. Je pense au gisement très proche du Planet  en Aveyron qui fait écho au site de Cabrières. Des données nouvelles ont aussi été communiquées sur d’autres gisements cuprifères la Roua notamment. Et une brillante synthèse sur la Provence a été présentée par Jessie Cauliez.


Mais par delà les sites très nombreux qui ont donné lieu à des communications par de jeunes chercheurs lors de la deuxième session, le colloque a entrainé de véritables synthèses thématiques :                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

- C’est le cas de la mise en perspective de la métallurgie du cuivre établie par Salvador Roviraet Christian Strahm, tous deux fidèles collaborateurs de Paul. Vous nous avez permis Salvador et Christian de relativiser Cabrières dans cette première mondialisation des échanges, échanges de matériaux, échanges de savoirs-faire. Vous seuls pouviez, en excellents connaisseurs que vous êtes, faire cette synthèse sur le cuivre européen qui fera date. Je sais que ce travail n’a pas été simple mais le résultat est remarquable : les étudiants et chercheurs n’ont qu’à vous lire pour comprendre l’émergence et la diffusion de la métallurgie, le tout documenté avec votre longue expérience.


- Dans la même gamme de synthèse thématique, je retiens pour le Néolithique celle de Philippe Galant sur les diverses cultures. Il a éclairci ces nomenclatures dont personnellement je n’avais pas toujours bien saisi du temps de Paul les liens vrais ou faux qu’elles entretenaient les unes avec les autres, tant Paul était à la réflexion critique que je ne pouvais pas toujours suivre. ..


- Pour les dolmens Noisette et Florent ont apporté chacun une approche synthétique renouvelée.


Pour le Paléolithique, nous avons eu lors de ces journées non des synthèses mais de  très belles réflexions que nous ont livré Jean Clottes et François Bon, respectivement sur l’art pariétal et le Paléolithique supérieur. Je sais en tant qu’ancienne professeur combien il faut posséder son sujet pour parvenir à le surmonter, voire à le sublimer en quelques phrases.


En géomorphologie, qui est un sujet sans doute moins connu des archéologues et des habitants de Cabrières, le colloque, me semble t-il, a été le moyen de vous faire connaître la discipline et montrer l’apport de Paul via les cartes géomorphologiques ou encore à la connaissance des dépôts néogènes. Dans ce domaine aussi le colloque a donné lieu à de belles synthèses telle celle de Laurent Bruxelles qui entretenait avec Paul des liens exceptionnels et qui continue d’explorer et d’appliquer (mais pas seulement !) les  idées de Paul sur d’autres territoires, le Lauragais par exemple. Laurent avait du reste anticipé cet hommage puisque la semaine dernière il a soutenu son Habilitation à Diriger des Recherches, la dédiant à Paul.

Hubert Camus aussi nous a livré une synthèse sur le karst, rassemblant les différents concepts dont celui novateur et donc peu connu de fantomisation. Je vais faire parvenir très vite au professeur Nicod un exemplaire des Actes, certaine qu’ils lui donneront toute satisfaction.


A titre personnel, les résultats du travail de Paul je les connaissais puisque ma formation me permettait de les situer mais ce colloque me les a synthétisé, condensé. Cette masse de champs d’étude et de résultats est impressionnante, vertigineuse surtout quand on songe qu’il ne pouvait pas y consacrer un plein temps puisque la dialyse l’occupait un mi-temps hebdomadaire. Ce qu’il a fait est énorme, merci de l’avoir dit et redit. Nul doute que cette synthèse me fera du bien quand mon moral viendra à flancher.


Je sors de ce colloque chamboulée. A la fois très heureuse par tout ce qui a été dit, par tous ces témoignages de compréhension profonde et de reconnaissance de son apport tant du point de vue scientifique qu’humain. Mais aussi très triste car au cours de cette semaine qui a condensé ces 45 années passées ensemble, j’ai aussi repassé le film de notre vie pendant que vous évoquiez vous son travail. Telles sont les conclusions que je peux porter sur ce colloque.



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